[b]L’attractivité en question
Les flux financiers en direction du Maroc progressent induisant une hausse des avoirs extérieurs de la Banque Centrale, un excédent de la balance des paiements, une liquidité bancaire et une pression sur les taux d’intérêts. Près de 11,5 milliards de dirhams en devises, provenant de dons de l’Union Européenne, sont venus renforcer de +8,5% les avoirs de Bank Al Maghrib, sur près d’une année, depuis janvier 2005, suscitant rigueur dans la conduite de la politique monétaire et le contrôle de l’inflation.
C’est en terme d’Investissements Directs Etrangers (IDE) qu’il convient d’appréhender le profit tiré par l’économie des flux financiers en provenance de l’extérieur, eu égard à leur impact sur la production, l’emploi et la croissance en dernier lieu. Les IDE mettent au devant la question centrale que tous les pays du monde analysent sur les plans théorique et empirique, en particulier à l’heure de la mondialisation. Il s’agit de l’attractivité des économies et des territoires. En matière d’IDE, le Maroc n’est pas mal nanti puisqu’il se situait, en 2002, à la 5ème place en tant que pays d’accueil des stocks d’IDE parmi les pays méditerranéens, avec près de 10 milliards de dollars de stocks, représentant 27% du PIB, selon une étude de la DREE française (octobre 2003).
Le programme de privatisation, mis en place il y a plus d’une décennie, a permis de générer des flux importants d’IDE, en particulier avec la cession de 35% du capital de Maroc Telecom, en 2001. Le Maroc connaît une « progression heurtée » de ces flux et son programme de privatisation, qui « peine à créer un véritable effet d’entraînement », s’essouffle.
Notons que les recettes des privatisations sont affectées à la résorption du déficit budgétaire. Le FMI souligne, pour sa part (2003), qui la politique économique, en dépit des progrès accomplis sur le plan de la stabilité macro-économique, risque de ne plus être soutenable en raison principalement de l’élargissement du déficit budgétaire, sous la contrainte des dépenses publiques et celles dues à la facture pétrolière et aux subventions de la Caisse de Compensation, voire aussi le soutien que l’Etat doit apporter aux Caisses des retraites face aux graves échéances qui les attendent.
Le retard pris dans la mise en place des réformes de l’Administration et de la justice accentue ces contraintes sur la conduite de la politique confrontée à toutes sortes d’échéances et d’impératifs, dont celui de sa rénovation.
L’attractivité de l’économie et des territoires est un concept qui s’étend au-delà de simples mesures d’encouragement aux investissements, le Maroc ayant déjà mis en place un train de mesures incitatives qui, d’ailleurs, complexifient des systèmes nécessitant des simplifications et devant établir une visibilité. C’est le cas du système fiscal et de son instabilité.
Selon l’étude de la DREE, le Maroc s’est « doté d’un cadre juridique et fiscal incitatif de promotion des IDE. Cependant, les restrictions à l’acquisition du foncier, la complexité du système fiscal et juridique, un dialogue social parfois conflictuel constituent encore des freins à l’investissement étranger ».
Il semble, aujourd’hui, que tout ce que le Maroc offre en terme d’avantages et de sûreté reste en deçà des conditions et critères qui déterminent les choix des investisseurs, difficiles dans un monde de concurrence et d’opportunités économiques et géographiques se situant, pour une large part, dans les pays industrialisés, les marchés nouveaux et porteurs et ne se préoccupant pas toujours, en premier lieu, des mesures d’encouragement fiscal et du coût de la main-d’œuvre.
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