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Ouezzane occupe, au sein d’une contrée verdoyante, un site agréable et riant. La ville s’étage sur les pentes boisées du jbel Bou-Hella, face au Rif qui déploie ses chaînes enneigées de janvier à mars. Les maisons de forme cubique et d’une blancheur éclatante s’étagent dans un paysage de collines couvertes d’oliviers, de champs de céréales et de vallons peuplés d’arbres fruitiers.
Située à la limite de la chaîne montagneuse du Rif, à environ 100 km de l’Atlantique (Moulay bousselham) et à 100 Km de la Méditerranée (Al jebha, Oued Laou...), Ouezzane est une petite ville très attachante.
L’histoire de Ouezzane, qui portait jadis le nom de «Village du mont aux mythes», se confond avec celle de Sidi Abdellah Ben Chrif (mort en 1089 H). La légende raconte que le saint, qui s’était installé sur le mont Jbel Bou-Hellal, là où s’érigera plus tard, au XVIIe siècle, Ouezzane, avait symboliquement acheté la montagne avec tout son territoire jusqu’à l’oued Zaz. Au milieu d’un paysage magnifique de vignes et d’oliviers, la ville s’étale sur les pentes boisées du j’bel Bou-Hellal. La ville fut choisie par le chérif Moulay Abdallah Ben Brahim, descendant d’Idriss II, pour abriter 1727 une zaouïa, dont le chef ou chérif a toujours été choisi parmi les savants les plus pieux du pays.
Cette zaouïa, berceau de la confrérie religieuse des Taïbia, d’origine Jazoulite, acquit très vite sur le plan politique une importance qui, durant le 18 et 19e siècle, alla croissant. Les chorfa d’Ouezzane, qui ont constitué tour à tour une force de soutien et d’opposition à l’égard du sultan, finirent par étendre leur influence jusque dans le centre et le sud du Maghreb. La Zawiya wazaniya s’appelait aussi « dar dmana »(la maison de garantie ou de protection) car à l’époque, quiconque demandait refuge aux Chourafas de Wazzane était exaucé et protégé Le monastère au remarquable minaret octogonal, est toujours visité de nos jours. Le moussem du printemps attire, quant à lui, des pèlerins de tout le Maroc.
Ville doublement sainte, Ouezzane fut aussi une ville de convivialité entre religions, où les communautés juives et musulmanes ont longtemps cohabité. A 9 kilomètres de la ville, la tombe du rabbin Rabbi Amrane continue d’attirer de nombreux pèlerins juifs.
La ville de Ouezzane dispose, en outre, d’une bibliothèque qui ressemble des collections prestigieuses. Il était, en effet, de tradition que le chérif de Ouezzane soit un érudit. La bibliothèque possédait ainsi une collection unique d’ouvrages sur la théologie, la spiritualité, la philosophie, les sciences humaines, l’astronomie ou encore le soufisme. Ces collections étaient sélectionnées pour servir de base de travail aux étudiants qui venaient suivre leur enseignement dans la zaouia du cheikh, à l’époque où Ouezzane jouissait d’un rayonnement spirituel et culturel qui dépassait le cadre de la région. Aujourd’hui, la bibliothèque est à l’agonie.
En 1987, on avait recensé plus de 6000 ouvrages ; aujourd’hui, il n’en reste plus que 1500. C’est pour sauver ce patrimoine culturel et religieux de la bibliothèque Sidi Abdellah Ben Chrif qu’une journée d’études, organisée conjointement par la Rabita des Chorfas de Ouezzane et la Fondation Sidi Mchiche El Alami a eu lieu en mars de l’année dernière. L’objectif de cette rencontre visait à doter la ville d’une bibliothèque digne de ce nom et d’un centre culturel qui pourrait changer le visage d’une ville livrée à elle-même, de restaurer les documents en danger et d’insuffler une âme à la cité.
La vieille ville aux rues sinueuses et étroites mérite d’être découverte pour son charme. Il ne faut pas manquer de visiter la Suiqa "Qaysariya ou souk couvert" où les artisans vendent les célèbres pièces en laine tissée, fines ou épaisses, une production locale de grande renommée au niveau national. Ouezzane est aussi connue pour son huile d’olive et ses succulentes figues.
[color=brown]La promenade
Du centre de la place triangulaire de l’Indépendance, très animée les jours de souk, on une jolie vue sur la ville étagée au flanc de Bou-Hellal. A l’angle de la place et de la rue de la Marche Verte se trouve un nouveau complexe artisanal.
Après avoir gravi l’escalier à droite du grand hôtel, suivez la rue Abdallah Ben Lamlih, en montée et coupée de marches, qui conduit aux souks où vous trouverez nombre de boutiques de tailleurs et d’ateliers de tisserands.
Arrivé place Bir Anzarane, prenez à gauche, pour emprunter la rue Haddadine.
Aussitôt après, encore à gauche, la rue de l’Adoul, longe la mosquée Moulay Abdallah chérif qui est le rendez-vous des pèlerins. A droite, en contrebas de la rue, s’alignent les curieuses baraques couvertes de chaume du souk des forgerons "Haddadine".
On débouche dans la rue Nejjarine "kharataine", sur les marches de laquelle travaillent les menuisiers. Une petite halte serait la bienvenue alors. Arrêtez-vous à droite, au café Bellevue, dont la terrasse ombragée de vigne vierge est un endroit simple mais agréable pour se désaltérer.
Au bas de l’escalier, tournez à gauche dans la rue de la zaouia par un passage sous voûte très étroit. Vous longez bientôt la mosquée S’Mala des zaouïa appelée aussi « mosquée verte », en raison de la couleur des faïences de son minaret octogonal à décoration d’entrelacs. Après la mosquée, la rue de la zaouïa, coupée d’escaliers, descend vers la place du marché.
A voir dans les environs
Jbel Bou-Hellal 3 km, puis 30 minutes à pied, aller et retour. Au sortir de la place de l’Indépendance, prendre à droite la route en direction de Fès, et gagner la ville nouvelle. A l’endroit où la route de Fès oblique vers la gauche, continuer tout droit.
50 m après, un jardin public "lala Mina" s’embranche à droite la route de Jbel Bou-Hellal.
La montée de Bou-Hellal, couvert d’orangers, de figuiers et d’oliviers constitue une très agréable promenade. Laisser alors la voiture à l’endroit où la route cesse d’être goudronnée et continuer à pied jusqu’à une plate-forme située à 400m plus loin dans un virage.
On découvre une très belle vue sur Ouezzane toute blanche avec ses toits en terrasses_ et sur les collines des Ghezaoua s’arrondissant en des plans successifs, jusqu’à l’horizon qui barrent les montagnes de l’Atlas.